On commence à s'organiser pour la transat. Nous partirons des Canaries vers la Martinique vers le 9 décembre 06. Bénédicte et les enfants vont rentrer passer noël en France et pendant ce temps les équipiers Eric et Marc me rejoindront à Ténérife.  Sur la ligne de départ | Ce matin j'ai programmé le GPS direction la Martinique et au départ de la Gomera, petite île au sud de Ténérife. 2566 Miles, au plus cours bien sur, avec une moyenne de 5,5 noeuds il suffit de faire le calcul. Cap 261°. Moi je compte 20 jours. Nous allons sans doute descendre un peu en direction du Cap Vert donc allonger la route de 200 ou 300 milles. |
|  L'équipage | Présentations des transatiers Transatiers: n.m. (néologisme) les copains qui se tapent une transat.
Equipiers N°1: Eric Pérotin alias "pérot"
Educateur spécialisé, chef de service à Granville. Tenancier d'un gîte à Granville. (www.lelogisduroc.com)
Sa phrase préférée: "on est pas bien là!"
Trait de caractère: bonne humeur, tchatche, amateur de cuisine à l'ail.
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|  Equipier n°2: Marc Villain (dit Marco la science)
Ingénieur informaticien, marathonien à Elancourt (78).
Capable de donner le nom des différents vainqueurs du tour de France cycliste: "1956? - Walkoviak".
Trait caractère: bon vivant, perfectionniste, amateur de cuisine épicée.
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|  Organisation des quarts | Voilà quelques idées et propositions sur l'organisation des quarts. Des tranches de deux heures, c'est assez facile, surtout quand on est sous pilote ou au régulateur. Au vent arrière le régulateur fonctionne bien mais doit être surveillé. Une nuit avec le pilote c'est beaucoup pour les batteries surtout si la mer est agitée et que le vérin travaille en permanence.
| Tableau des quarts
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12h00 |
14h00 |
16h00 |
18h00 |
20h00 |
22h00 |
0h00 |
2h00 |
4h00 |
6h00 |
8h00 |
10h00 |
Jour 1 |
M/O/E |
M |
O |
E |
M |
O |
E |
M |
O |
E |
M |
O |
Jour 2 |
E/M/O |
E |
M |
O |
E |
M |
O |
E |
M |
O |
E |
M |
Jour 3 |
O/E/M |
O |
E |
M |
O |
E |
M |
O |
E |
M |
O |
E |
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E, M et O sont les trois équipiers,Eric, Marc et Olivier. Ce système permet de ne pas toujours être de veille au même moment. |
|  C'est dur la mer | 19h55, l'avion de Londres est en retard, j'attends mes équipiers avec impatience à l'aéroport de Ténérife sud. L'avion arrive enfin, les passagers descendent retrouvent leurs proches. Je me retrouve comme un con: Personne! "Je me suis peut être trompé d'aéroport, ou ils m'ont mal expliqué". Je file à Ténérife nord, 70 km à bloc, je me dit qu'ils doivent me haïr, surtout avec leurs sacs de 23 kg. Du coup, je me marre un peu de les imaginer, vociférant devant l'aéroport. Je me gare, fait le tour de l'aéroport. Personne! "M.... les mecs arrêtez vous. Ils sont sans doute partis en bus ou taxi vers Los Christianos au sud de l'île." Retour en faisant chanter la saxo de location un octave au delà du raisonnable.
Je les cherche sur les quais. Personne. Au bateau grâce à la wifi j'apprends qu'ils ont raté leur correspondance à Londres, et qu'ils sont, tranquilles, aux frais de la princesse à l'hôtel et au restau.
Les mecs p....!!! |
|  La transat en quelques mots | Nous sommes arrivés le 1er janvier au port du Marin en Martinique. 21,5 jours de mer, un seul bateau croisé, une famille de dauphin, quelques Paille en queue à bec rouge, magnifique oiseaux du large et des centaines de poissons volants. En fait c'est le désert intégral. 2 jours de moteur, 24 heures à la barre, 18 jours sous régulateurs d'allures. Il a tenu le bateau à merveille à toutes les allures, sauf par vent faible. A la fin c'était jour et nuit voile en ciseau avec le régulateur. (en serrant un peu les fesses parfois dans les surf a plus de 8 noeuds) Notre plus grosse étape c'est 146 milles et la plus petite c'est moins de 100. 125 prises de ris et autant de largage. Mais pas de casse. Un peu de bricolage tout de même pour garder l'habitude. Je me souviens, en particulier, de l'entretien du filtre de la pompe de cale, couché sous l'évier et par mer grosse. Raaoul!
La transat ça a été aussi pas mal de cuisine ; quiche, pizza, Daurade au four, Daurade en filets, Daurade à la mayo... "Bon les gars! on arrête de pêcher?"
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| On peut signaler quand même: un homme à la mer... qui a raté la corde de baignade. Sa tentative pour rattraper le bateau à la nage est à montrer dans les écoles de natation. Une dépense d'énergie profonde et volontaire, splendide! Le genre de crawl rapide ou on lâche tout. Cela n'a pas suffit pourtant...et on a dû faire demi tour.
Au vent arrière, voile en ciseau, génois tangoné et sous régulateur d'allure: y'a plus qu'à s'occuper. |
|  Parole aux équipiers | Marc:"21 jours au milieu de l'océan sans voir un seul bateau, avec très peu de moyen pour communiquer avec les terriens, avec des quarts de nuit qui reviennent toutes les 4 heures, avec l'impossibilité de se tenir debout sans se tenir, cela peut sembler long. Et bien oui c'est long. Mais ce n'est pas monotone, la mer n'est jamais la même, et puis il y a eu les globicéphales, les dauphins, la pêche des daurades coryphènes, des bains par 4000 mètres de fond tiré par le bateau qui file à 6 noeuds, des bons petits repas et bien sûr l'arrivée à la Martinique. C'est une expérience unique et un souvenir magique.
A 20 ans on rêve de traverser l'Atlantique à la voile et un jour on le fait, c'est magnifique."
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| Eric:"Après bien des déboires pour retrouver notre "skipper" ( ça va lui faire plaisir mais ça me déchire !!!), nos retrouvailles ont été chaleureuses comme d'habitude. Vient ensuite la réalisation d'un rêve, la concrétisation d'une attente de presque dix ans faite de stages, de locations, de dizaines d'heures de discussion interminables sur la voile avec mes deux camarades. L'expérience a été à la hauteur de mes attentes tant au niveau technique qu'au niveau humain ( ceux qui me connaissent savent l'importance que j'attache aux relations humaines !!). Certes, l'expérience a été longue, difficile par moment, surtout la nuit mais comment résumer en quelques mots les moments magiques : les couchers de soleil, les couchers de lune superbes, le scintillement des étoiles que je n'avais jamais observées comme cela, les vagues parfois impressionnantes mais surtout excitantes par leur force et leur vitesse qui nous ont permis de surfer à presque 8 noeuds. Et enfin, tous les moments partagés avec mes de compagnons de route, agréables, sereins et conviviaux. Superbe aventure, je suis prêt pour repartir!!! " |
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